vendredi 4 septembre 2015

Flash ou le grand voyage de Charles Duchaussois


 
Flash ou le grand voyage de Charles Duchaussois (1971)
Genre : Récit autobiographique

    Charles Duchaussois est né en janvier 1940 et vit à Paris durant son enfance. Âgé de quatre mois, il reçoit un éclat d’obus dans l’œil lors d’un bombardement, ce qui le laissera borgne. Ce détail est cité régulièrement au fil de son récit. En Novembre 1962, il décide de quitter Paris pour partir à Marseille en stop, tout seul. C’est alors que l’aventure commence…

    De Marseille au Liban, d’Istanbul à Bagdad, de Bombay à Bénarès pour enfin atteindre Katmandou ; haut lieu de la vague hippies et de la drogue, Charles Duchaussois nous conte son aventure.
Un voyage avec la drogue, le flash, la dépendance mais aussi une découverte identitaire, profonde et déconcertante. Il s’associe au trafic d’armes à Beyrouth, il participe à la récolte du Haschich au Liban, il dirige un night-club à Koweït, il devient quelques temps médecins des paysans des contreforts de l’Himalaya. Enfin, il s’immisce dans l’univers de la drogue à Katmandou : l’opium et le haschich qui font « planer »,le « flash » de la première piqûre, le « grand voyage » du LSD. Charles Duchaussois repousse les limites jusqu’à la mort.
 
Ce récit autobiographique a été enregistré par l’auteur sur dix-huit bandes magnétiques et envoyées aux éditions Fayard en 1970. Tout au long de son périple, Charles Duchaussois a livré ses ressentis, ses découvertes à travers des états d’esprits différents. Ce qui nous offre une sorte de carnet de voyage frissonnant, haletant et empreint d’émotions. Il décrit son expérience avec ses tripes, à cœur ouvert, l’esprit et le corps chargés de substances.

Le récit est narré à la première personne du singulier et ponctué de dialogues entre l’auteur et les personnes qu’il a rencontré au cours de son voyage. Certaines auront une place importante tout au long de sa vie. On y retrouve un lexique spécifique au thème de la drogue. L’auteur nous informe sur différentes substances : leurs caractéristiques, leurs effets et les risques qu’elles peuvent engendrer mais aussi sur le commerce de la drogue, leur culture et leur légalisation dans différents pays. 

Avis personnel :
Charles Duchaussois nous confronte, nous lecteur passif, aux tourments du voyage sous acide, à la dépendance pulsionnelle, à la peur de l’autre et de soi, à la défiance des règles établies, à la crainte de mourir ou de ne pas survivre. Il nous emmène dans sa quête personnelle ou il côtoie la misère, le désarroi, la maladie mais aussi l’amour, l’extase des sens et les relations humaines. Charles Duchossois a la capacité de nous plonger avec lui dans son histoire, la tête sous l’eau, comme en apnée. Je me suis attachée à l’auteur et à son histoire de vie. Malgré ses excès, ses prises de risques et ses travers, je lui ai découvert une sensibilité, une empathie et une force incroyable. J’ai retrouvé un profond humanisme chez cet homme et à la fois une mise en danger délirante. Ce récit m’a donné le goût de la lecture par la richesse des émotions décrites et la beauté des expériences vécues. C’est un voyage à chaque lecture. Jamais le même. Ce récit brise des idées reçues sur la drogue autant qu’il peut en appuyer. L’histoire ne fait pas peur, elle impressionne par son oscillation entre réalité et folie.

La postface du livre raconte le retour de l’auteur à Paris et s’achève sur cette confession : « Maintenant il me faut réapprendre à vivre. Et pour ça, il faudrait que j’aie le courage de me désintoxiquer. Je tâte mon sac où j’ai mon héroïne et ma méthédrine. Ce courage, est-ce que je l’aurai ? … » P473

Quelques citations :

« Il n’y a que la piqûre - la piqûre, le shoot ou le fixe - qui donne le flash. Voilà pourquoi tout vrai drogué, un jour ou l’autre en arrive finalement à la piqûre. Et devient un junkie. Un Dieu. Ou une loque. Au choix. » Préface

« A Katmandou au temps dont je parle, la vie n’est pas la vie ordinaire. Les actes les plus ahurissants, les conversations les plus démentielles, les excès les plus énormes sont monnaie courante. Nous sommes une petite société qui vivons dans une ivresse permanente, celle des dizaines de drogues de toutes sortes que nous fumons, mangeons, prisons, nous distillons dans les veines… le rythme solaire n’existe plus…. Le normal n’existe plus. C’est l’anormal qui le devient. » P 167

« Elle me prend la pipe des mains, se l’allume et hop, en avant la « planète » à deux, assis là, en plein marché de Katmandou…. » P 180
 
"Ecoutez ce que la méthédrine à outrance peut faire germer dans l'esprit d'un drogué :
"Être ou ne pas être ?
Si bas mais vaste monde
Fais donc crier à la ronde
De tes pores crachants
En tes abysses angoissants
Par tes déserts brûlants
Sur tes océans grondants
Que le plaisir de te fouler
En un sain matin de rosée
Sous ton aura de lumière
Brillante de mille poussières
Ne doit jamais faire oublier
A l'orgueilleux aux deux pieds
Que lui passe et trépasse
Sur ta peau qui jamais ne se lasse"  P457-458

 
Flash ou le grand voyage a été adapté en BD par Thomas Koltarek et JEF et paru en septembre 2013.
Voici la bande d'annonce de la BD : https://youtu.be/X1_zmdvtQYA

 
Extrait de la bande dessiné "Flash ou le grand voyage" de Thomas Koltarek et JEF

 
 

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