Une Saison de Machettes
de Jean Hatzfeld (2001)
Genre : Récit
Né à Madagascar en 1949, Jean Hatzfeld, journaliste a
parcouru durant plus de vingt ans des régions en guerre, en Europe de l’Est, au
Moyen-Orient et en Afrique. Il a séjourné plusieurs mois au Rwanda, depuis le
génocide, où il a recueilli les témoignages des rescapés.
Une saison de machette raconte le génocide Rwandais qui a
eu lieu en 1994 et durant lequel s’affronte deux ethnies : les hutus et
les tutsis. Les hutus étant les acteurs de ce drame humain, Jean Hatzfeld leur
a donné la parole dans une prison du Rwanda. Ces hommes témoignent sans filtre,
sans souci d’atténuer leur responsabilité. C’est ce qui à mon sens, d’une
Saison de machettes, un livre terrible, dérangeant et réaliste. Au-delà de ce
que peut refléter les médias, l’auteur nous offre un récit journalistique basé
sur des témoignages réels et sans interprétations.
Le récit est découpé en une dizaine de chapitres qui
annoncent le commencent de la tuerie, son organisation jusqu’à sa fin et le
sentiment des hutus à l’égard de leurs actes. L’auteur évoque aussi le regard
porté sur les femmes, la religion, la vie en groupe et il nous amène à
comprendre la psychologie du tueur durant ce génocide. Le récit est rédigé sous
la forme narrative ou sous la forme personnel du « je ». Ce qui donne
l’impression d’être face à la personne qui témoigne son histoire. Le style
d’écriture est simple, réaliste et détaillé.
Ce récit nous apprend également l’histoire de cette période
avec la chronologie des évènements. Il nous informe sur la culture africaine,
les rites et le vocabulaire et expressions typiques utilisés par les habitants.
L’auteur nous dépeint le portrait et le parcours de chaque prisonnier
interrogés qui sont pour la plupart, libérés aujourd’hui.
Avis personnel :
Ce récit m’a marqué par la force de
son (effroyable) réalisme. J’y ai appris que tuer était devenu machinal et
instinctif pour ces hommes. Tels des robots commandés qui n’obéissent qu’à des
dictats et des règles. Tuer pour mieux régner, tuer pour susciter un sentiment
de pouvoir, un devoir de préservation de son être, de son appartenance à un
groupe, de ses terres. « L’homme est un loup pour l’homme » ;
cette citation résume bien le mode de fonctionnement des hutus. On peut dire
d’eux qu’ils sont fous, sanguinaires, sans cœurs ni conscience et éperdument
inhumains. Mais qu’est qu’être humain
quand on ne réfléchis pas par soi-même ? Lorsque l’esprit est enrôlé par
une force extérieure, celui-ci n’est plus capable de lucidité. J’ai été
surprise par les regrets des hutus et leur pardon imploré auprès des victimes,
de leur famille ainsi que de leur divinité. La plupart d’entre eux vivent avec
la honte, le remord et l’espoir d’assouvir leur pêchés pour retrouver une sérénité
intérieure. Je pense que ni leur peine achevée, ni leur liberté ne pourra
atténuer la cruauté dont ils ont été capables.
« Pancrace : Tuer, c’est très décourageant si tu
dois prendre toi-même la décision de le faire, même un animal. Mais si tu dois
obéir à des consignes des autorités, si tu as été convenablement sensibilisé,
si tu te sens poussé et tiré ; si tu vois que la tuerie sera totale et
sans conséquences néfastes dans l’avenir, tu te sens apaisé et rasséréné. Tu y
vas sans plus de gêne. » p 55
« Elie : On n’avait pas à choisir entre les
hommes et les femmes, les nourrissons et les anciens ; tout le monde
devait être abattu avant la fin. » p 135
Les protagonistes du récit |
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